Les déploiements verticaux (vers les foyers) de fibre optique en
zones denses vont enfin s'accélérer. L'Autorité de la concurrence vient
en effet de valider le cadre réglementaire proposé par l'Arcep pour couvrir en FTTH les immeubles des grandes villes.
"L'Autorité
de la concurrence est favorable à la mise en place d'une architecture
multi-fibres, qui garantit l'indépendance des acteurs et la fluidité du
marché au bénéfice du consommateur", peut-on lire dans un communiqué.
"L'Autorité
de la concurrence est d'avis que le recours à l'architecture
multi-fibres constitue une opportunité unique de ne pas reconstituer de
goulot d'étranglement sur la partie terminale des réseaux FTTH,
notamment au niveau des immeubles. Cette architecture offre les
meilleures garanties en termes d'indépendance des acteurs, de
neutralité technologique et de fluidité du marché au bénéfice du
consommateur", poursuit-elle.
Meilleures garanties
Concrètement,
lorsqu'un opérateur sera choisi pour déployer verticalement un
immeuble, il devra déployer une fibre supplémentaire dédiée à un
éventuel concurrent dans chaque appartement. Dans les zones denses (le
cadre ne s'applique qu'à ces zones), la mutualisation se fera donc à l'intérieur des immeubles.
Un
opérateur alternatif, souhaitant être présent dans un immeuble déjà
fibré, disposera donc d'une fibre supplémentaire par foyer afin de
proposer simplement ses services, moyennant un préfinancement de son
installation et un co-financement de l'investissement initial, soit un
surcoût estimé à 5% des investissements par l'Arcep.
"Cette
solution de bons sens permettra d'autoriser la présence de plusieurs
opérateurs par immeuble et de plusieurs technologies par immeuble. Nous
allons enclencher une dynamique dont le rythme de croisière devrait
s'observer en 2010", souligne Jean Ludovic Silicani, président de
l'Autorité de régulation des télécoms.
Ce cadre réglementaire
constitue une victoire pour Free. France Télécom souhaitait en effet
que l'opérateur d'immeuble choisi par le syndic ne tire qu'une seule
fibre par foyer (mono-fibre). Les alternatifs devaient ensuite, s'ils
le souhaitaient, fibrer à leurs frais pour connecter leurs propres
clients, depuis le point de mutualisation situé au bas des immeubles.
"Cette
solution permet en effet d'optimiser le coût économique global de
l'infrastructure". Mais "investir plusieurs fibres par foyer au lieu
d'une priverait de la fibre plus de 5 millions de foyers", écrivait,
dans une tribune publiée par Le Figaro, son président Didier Lombard.
"Installer
plusieurs fibres par logement remet en cause totalement notre «business
plan»", expliquait par ailleurs un responsable de l'opérateur
historique au quotidien économique Les Echos. "Nous sommes donc
contraints de suspendre nos investissements dans les nouveaux
immeubles".
Une position contestée par l'Autorité de la
concurrence. Elle "estime qu'une telle solution présente un grand
nombre d'avantages. L'installation de fibres supplémentaires représente
surcoût relativement faible par rapport à une architecture mono-fibre
et est neutre d'un point de vue technologique, que les opérateurs aient
opté pour un déploiement de leur réseau de type point-à-point (une
fibre par abonné de bout en bout) ou points-à-multipoints (réseau
arborescent)".
"Ils ne pourront pas geler leurs investissements à
long terme, stratégiquement c'est intenable mais en plus ils ont des
objectifs de couverture liés au plan de l'Etat. C'est un coup
médiatique, un coup de pression pour négocier. Si le cadre
réglementaire est validé, ils devront céder. Mais s'il semble clair
qu'Orange ne stoppera pas ses investissements, il pourra déployer a
minima, ce qui impactera tout le marché", expliquait de son côté à ZDNet.fr, Philippe Torres, Responsable Etudes et Conseils au sein de l'Atelier BNP Paribas.
France
Télécom va-t-il donc céder après cette validation par l'Autorité de la
concurrence ? La Commission européenne doit encore donner son feu vert.
Affaire à suivre.
ZDNet.fr | 22.09.2009
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